Le cahier des charges des pratiques culturales
Les pratiques culturales ont deux objectifs principaux :
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Restaurer et maintenir la fertilité et l'activité biologique du sol pour que celui-ci soit capable de répondre au mieux aux besoins nutritifs des cultures[1]
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Protéger les cultures contre leurs ennemis : ravageurs, parasites, maladies ou mauvaises herbes
La réussite et la durabilité de l’exploitation agricole « biologique » dépendant essentiellement du haut niveau d’activité biologique de son sol, le producteur sera donc particulièrement attentif à ce dernier, à ses cultures, et à l'évolution de l'environnement proche de ses parcelles.
Les techniques de production ne permettent pas l’emploi d’engrais ni de pesticides chimiques de synthèse, le producteur doit donc recourir à diverses autres pratiques et savoir-faire respectueux des équilibres naturels, afin de limiter l’apparition de problèmes nutritifs ou/et sanitaires.
En ce qui concerne la fertilité du sol et les besoins nutritifs des cultures, il peut avoir recours à :
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L’analyse du sol : prélèvement et analyse d’échantillons de sol afin de connaître son équilibre nutritif, tous les 2 ou 3 ans à la même époque
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L'assolement : répartition des cultures sur les parcelles, en tenant compte des besoins des cultures et des caractéristiques pédo-climatiques des sols.
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Des techniques de travail du sol douces et simplifiées permettant d’obtenir un sol meuble de structure grumeleuse, bien oxygéné et drainé[2]
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La jachère : elle enrichit le sol en matière organique, améliore sa structure, lutte contre son érosion et aussi lutte contre le lessivage des nitrates, contre les mauvaises herbes et romps le cycle de certains ravageurs. Par ailleurs elle permet la création de zones refuges pour les végétaux et animaux (développement d’une biodiversité).
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La rotation des cultures : alternance des cultures concernées avec celles de légumineuses (ex : pois, lentilles, luzerne), d'engrais verts ou de plantes à enracinement profond. Elle permet d’améliorer la structure du sol, d’éviter l’appauvrissement d’un ou de plusieurs des éléments nutritifs essentiels dans le sol. Par ailleurs elle rompt le cycle vital des mauvaises herbes et des parasites.
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L'apport de matières organiques naturelles : fumier composté, engrais verts[3], résidus de culture (ex : paille)…. Les matières organiques améliorent la rétention d’eau et les propriétés d’infiltration des sols, elles apportent des réserves nutritives qui permettent une nouvelle croissance végétale.
En ce qui concerne la protection des plantes contre leurs ennemis, le producteur peut avoir recours à :
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L'utilisation de variétés de semences adaptées au terroir : les variétés « à l’ancienne » sont naturellement résistantes, et de bonne qualité gustative et nutritionnelle
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Le respect des saisons et du cycle naturel des végétaux : produits de saison
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Le faux semis : travail mécanique du sol qui consiste à faire germer les mauvaises herbes et les détruire dès qu’elles ont germé, ce qui permet d'épuiser le stock contenu dans le sol
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Le désherbage manuel, ou mécanique : destruction manuelle des mauvaises herbes, ou à l’aide d’un outil (binage, sarclage, ….).
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Le paillage végétal : recouvrement du sol avec des matériaux d'origine végétale ou minérale, afin de limiter l'évaporation et la pousse des mauvaises herbes. Le paillage coûte moins cher que le plastique couvre-sol, et il est plus écologique.
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Le palissage végétal (ex. petites palissades faites de roseaux) : effet brise-vent et création d’un micro-climat à l’échelle de la parcelle. Le palissage coûte moins cher et s’intègre mieux dans le paysage que les tunnels en plastique.
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L'utilisation d'obstacles physiques contre les ravageurs (ex : clôtures, filets…)
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La lutte biologique : il s'agit de contrer les ennemis des cultures par la présence d'auxiliaires sur les parcelles. Ces auxiliaires sont des ennemis naturels des parasites, ravageurs et adventices des cultures (ex. coccinelle contre les pucerons). Le producteur favorise leur présence en entretenant des haies, des nids (ex. nichoir à mésange), ou encore en cultivant des plantes relais (ex. orge) qui peuvent abriter ces amis des cultures.
Par ailleurs, le producteur fera usage de l’eau et de l’énergie de façon économe et optimum, selon les besoins et avec le souci d’éviter tout gaspillage ou suréquipement coûteux (ex : pas tuyaux goutte-à-goutte jetables).
L’ensemble de ces pratiques constituera les premières étapes d’une conversion vers une agriculture « biologique » dont la durée est estimée à 3 ans.
Si malgré les précautions prises et les pratiques mises en œuvre, les cultures ne bénéficiaient pas d'une nutrition adéquate, si elles étaient menacées par un danger immédiat, ou si le producteur cherchait à combler des carences en éléments nutritifs découvertes lors de l’analyse du sol, le producteur pourrait avoir recours à titre exceptionnel à certains apports nutritifs complémentaires ou produits phytosanitaires figurant sur la liste des produits autorisés en agriculture biologique par l’Union européenne et à eux seuls[4].
Par ailleurs, la Commission « Agriculture Paysanne » (AGIR) entretiendra des échanges réguliers avec le producteur dans un esprit de confiance, de responsabilité et de complémentarité des apports de chacun. Ainsi ses membres pourront contribuer entre autres : à l’élaboration d’un calendrier annuel des activités agricoles (achat des graines, semis, plantations, récolte, …) , aux activités agricoles, à l’information sur les réseaux, outils pédagogiques et rencontres qui pourraient intéresser le producteur[5].
ANNEXE
Azote (N)
La source première d’éléments nutritifs est l’azote atmosphérique fixé par les légumineuses. Les légumineuses fourragères et l’enfouissement de l’engrais vert des légumineuses assurent la quasi-totalité de l’azote nécessaire à la croissance des végétaux.
Autre source importante : l’épandage de fumier composté et la réintégration de déchets de paille et de matière organique dans la terre.
Phosphore (P)
Les sources biologiquement acceptables comprennent le fumier composté, les résidus de culture et l’engrais à base de phosphate naturel.
L’engrais vert accroît la teneur en phosphore. Les légumineuses, le sarrasin et la moutarde assurent l’acidité autour des racines, ce qui contribue à stabiliser le phosphore du sol et à en améliorer l’absorption. Le phosphate naturel est une faible source organique de phosphore.
Potassium (K)
La teneur en potassium est élevée dans le cas des cultures vivaces, des fourrages, des pommes de terre et des tomates.
Le fumier est une source de potassium, mais ce dernier étant soluble, il faut veiller à ne pas minimiser le lessivage pendant l’entreposage.
L’urine du bétail contient une forte quantité de potassium qui se loge dans la litière du bétail.
On peut aussi ajouter du potassium dans le sol sous la forme de paille et de foin compostés, de basalte en poudre, de poussière de granit, de minéraux d’argile, de langbeinite, d’atacamite (greenalite), de farine de varech, de cendres de bois et de diverses autres matières.
Soufre (S)
Les sources premières de soufre sont le gypse (sulfate de calcium) et le fumier composté. Plusieurs amendements du sol qui contiennent du soufre (ex. : sels d’Epsom et langbeinite) sont autorisés. Malgré la faible teneur en soufre du fumier composté, c’est généralement le meilleur amendement car il contient un bon dosage d’autres éléments nutritifs, ainsi que de la matière organique et des micro-organismes.
L’engrais vert
L’engrais vert est une culture qui est surtout destinée à être enfouie superficiellement afin d’ajouter des éléments nutritifs et de la matière organique dans le sol. C’est un élément essentiel de l’écosystème agricole.
De nombreuses légumineuses cultivées en plein champ peuvent servir d’engrais vert : le mélilot jaune, la luzerne, mais aussi le trèfle rampant, le trèfle des prés, les lentilles Indian Head, la lupuline et certaines vesces à feuilles étroites.
Les végétaux autres que les légumineuses qui remplissent de nombreuses fonctions comprennent l’avoine, les feuilles de fourrage d’orge, la moutarde, le sarrasin et le seigle d’automne.
L’engrais vert joue un rôle dans l’amélioration du sol, dans la gestion des éléments nutritifs et dans la lutte antiparasitaire. Elle s’avère efficace pour lutter contre l’érosion, pour ajouter de la matière organique, pour améliorer la structure du sol, pour stimuler l’activité biologique dans le sol et pour réduire la compaction. Un engrais vert efficace étouffe les mauvaises herbes, rompt le cycle des maladies et des insectes, et offre un habitat aux abeilles, aux guêpes parasites et à d’autres organismes bénéfiques.
Certaines cultures telles que le mélilot jaune et la moutarde, allélopathiques, produisent des toxines chimiques naturelles qui retardent la germination et inhibent la croissance précoce de certaines espèces de mauvaises herbes.
La valeur de l’engrais vert varie parfois selon le type de culture et le moment de l’enfouissement. La vitesse de la décomposition dépend également de l’état du sol et des conditions climatiques. L’incorporation de l’engrais vert avec une charrue à disque dans la couche supérieure du sol (7,5 – 10 cm) est favorable à la décomposition. Par contre, si l’on procède plus en profondeur, la décomposition sera plus lente. Il faudrait éviter une profondeur de plus de 15 cm.
Le travail automnal du sol maintiendra l’azote sous forme organique tout au long de l’hiver, lui permettant ainsi de se minéraliser au cours de la saison suivante. Tandis que les microbes décomposent les résidus d’engrais vert, les oligo-éléments et les macro-éléments de ces végétaux se dégagent au cours de plusieurs années.
L'humus
Il s'agit d'une substance organique d'une grande complexité, de couleur brune, dont la présence dans le sol fait toute la différence entre la terre fertile et le désert.
Dans les faits, le phénomène de désertification n'est rien d'autre que la disparition de l'humus du sol.
La présence d'humus stabilise les sols sablonneux, et les protège contre l'érosion éolienne et l'érosion par l'eau.
L'humus rend les sols argileux et compact, friable et plus facile à cultiver. Dans tous les cas, l'humus fonctionne dans le sol comme une éponge énorme. Un gramme d'humus est capable de retenir et fixer de 10 à 50 fois sa masse en eau.
L'eau infiltrée dans un sol humifère y est retenue et soit rendue aux plantes au-fur-et-à-mesure de leurs besoins, soit relâchée lentement vers la nappe phréatique. Le ruissellement est court-circuité et, de ce fait, l'érosion diminue.
A la base des inondations, de plus en plus fréquentes, se trouve l'appauvrissement des terres agricoles en humus, et le compactage des sols favorisant le ruissellement plutôt que l’infiltration des eaux.
L'humus se forme suivant un processus complexe.
Pendant le compostage, on reconstitue précisément les processus naturels qui ont lieu dans le sol des forêts. L'incorporation directe de la matière organique brute dans le sol ne donne que très peu d'humus. La matière végétale étant trop pauvre en azote, elle aura tendance à mobiliser les réserves humiques du sol et à provoquer un phénomène qu'on désigne par le nom de faim d'azote.
L'incorporation de la biomasse animale (fumier frais, lisier) apporte trop d'azote et l'azote excédentaire devient pollution des nappes phréatiques par les nitrates.
C'est une des raisons pour laquelle, même l'agriculture biologique mal conduite peut devenir polluante. Pour la formation de l'humus, il faut donc la présence simultanée de la cellulose, la lignine végétales et les substances protéïques animales (déjections) + le carbamide (l'urée) contenu dans l'urine.
Attention, ces trois (ou quatre) composantes doivent être présentes, dans des conditions aérobies (donc en présence d'air), dès le départ du processus.
Pendant le compostage, on favorise la formation d’humus en ajoutant au compost un peu de poudre d'argile finement divisée.
[1] Accumulation de matière organique et d’humus, protection de l’érosion, réduction de la perte d’éléments nutritifs.
[2] Fragmentation des différentes strates du sol sans les bouleverser : utilisation des outils à dents, abandon des outils rotatifs, pneus basse pression, réduction de la vitesse de passage (à 5-10 km/h), passage de chisel léger (type ACTISOL) en fin de culture…
[3] Voir annexe
[4] Cf. liste A de l'annexe II du règlement CEE 2092/91 et liste B de l'annexe II du règlement CEE 2092/91
[5] Alliance Provence, Réseau Semences Paysannes, CIVAM Bio …